The Inn at Lambton, 25 juillet 2013
The Brontës of Haworth est un feuilleton en cinq volets diffusé pour la première fois à la télévision britannique en 1973. S'il faut croire le Keighley News [I] à l'occasion de sa sortie récente en DVD, il offre pas moins, pour nombre d'admirateurs des sœurs Brontë, que leur « portrait définitif ».
The Brontës of Haworth est un feuilleton en cinq volets diffusé pour la première fois à la télévision britannique en 1973. S'il faut croire le Keighley News [I] à l'occasion de sa sortie récente en DVD, il offre pas moins, pour nombre d'admirateurs des sœurs Brontë, que leur « portrait définitif ».
Assurément, cette œuvre se caractérise par le dépouillement et le désir d'authenticité. Elle porte à cet égard la marque de la remise en cause, telle qu'elle était opérée depuis les années 50, de l'imagerie plus ou moins romantique qui était attachée aux sœurs Brontë.
Pour ma part toutefois, j'ai été loin d'être satisfait du résultat à divers titres, à commencer psychologiquement.
Si au sein de sa fratrie, Emily est celle sur qui les documents manquent le plus, c'est sa représentation que j'ai trouvé la plus sensible. Sa composition par Rosemary McHale comme une personne renfrognée, nerveuse et un peu étrange m'a troublé singulièrement si bien que, à la vue des scènes pénibles figurant sa maladie et sa mort, j'avoue avoir réagi avec la plus grande émotion.
De même quant à Branwell, j'ai apprécié le fait qu'on se soit attaqué, en s'inspirant peut-être du Monde infernal de Branwell Brontë de Daphné du Maurier, paru en 1960, à la caricature de raté alcoolique et drogué qui était collé à sa peau. Avec indubitablement plus de justesse, le feuilleton s'applique à montrer un jeune homme bon, joyeux et ne manquant pas de dons, mais qui certes, peut-être pour avoir été trop choyé depuis l'enfance, ne sut pas faire face aux difficultés de la vie.
Par contre, si Charlotte est dépeinte comme une femme émotive et tourmentée par les frustrations de façon fort justifiée, les dehors graves, voire revêches, qu'on lui a prêté m'ont paru plus contestables quand on considère les témoignages au sujet de sa gentillesse profonde et de son affabilité, du moins dans le cercle domestique.
Quant à Anne enfin, on peut déplorer malheureusement comment on s'en est tenu somme toute aux clichés d'une jeune femme anodine alors que, comme sa vie et son œuvre en témoignent de manière évidente, elle recelait un caractère nerveux et volontaire. Sans doute son talent fut-il moins précoce que celui de ses sœurs et son frère, il n'en reste pas moins qu'il trouva à se développer, un peu à la façon d'une fleur poussant sa tige avec obstination dans le secret du sol...
À plus ou moins grand titre douteux quant aux personnalités prêtées à ses protagonistes, The Brontës of Haworth se révèle aussi parfois trop elliptique ou lacunaire quant à leur existence. Par exemple, comment ne pas trouver des plus regrettable qu'Ellen Nussey, une des plus grandes amies de Charlotte Brontë depuis l'adolescence, n’apparaisse dans le feuilleton que de façon tardive – au moment de la mort d'Anne ? Ou bien comment ne pas être tout à fait déconcerté devant la manière dont la carrière d'Anne comme gouvernante est relatée ? On ne reprochera pas aux auteurs de s'être fondé sur Agnès Grey puisque ce roman est largement autobiographique. Par contre, il y a lieu de juger fictionnel le fait de ne pas évoquer d'abord le premier emploi d'Anne chez les Ingham pour après la faire être accueillie chez les Robinson par une adolescente acariâtre chez qui on a voulu manifestement hybrider les traits de Tom Bloomfield et de Rosalie Murray. On peut comprendre certes qu'Anne s'effondre en pleurs sur son lit dans la scène suivante comme si elle avait fait face à son pire cauchemar !
Incertain au niveau psychologique, incomplet au niveau biographique, The Brontës of Haworth souffre encore d'être superficiel au niveau historique, c'est-à-dire en ce qui concerne l'univers social et culturel dans lequel s'est inscrite la vie des sœurs Brontë et avec elle leur œuvre qui se trouve à peine évoquée.
Un tel désintérêt sur ce dernier point, courant dans les biographies d'écrivains, à l'écran comme sur le papier, est somme toute paradoxal. Or, il ne pouvait qu'appauvrir un peu plus la représentation des sœurs Brontë.
Ainsi, désirer projeter sur elles une lumière naturelle était louable, mais en limiter la portée faisait courir le risque que leur vérité demeure en définitive dans l'ombre...
Marc Miller : The Brontës of Haworth, Granada, 1973.
[I] Hebdomadaire de la région d'Haworth.
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