Et son ombre recueille une sélection de textes sur les sœurs Brontë ainsi que sur quelques autres auteurs britanniques. Pratiquement tous proviennent du forum The Inn at Lambton. On peut considérer Et son ombre comme complémentaire au Wanderer of the Moors (site dédié entièrement aux sœurs Brontë) et à Passerelle (sur la littérature britannique en général). Par ailleurs, je tiens à m'excuser de la qualité pas toujours bonne des photographies que je propose de mes voyages en Angleterre, notamment dans le Yorkshire d’où étaient originaires les sœurs Brontë.

Sur les traces d'Anne Brontë

The Inn at Lambton, 20 juin 2013

Anne Brontë est la moins populaire des soeurs Brontë, et je le dirai fort simplement : c’est immérité. Comme j'ai à le regretter au sein même de cette auberge imaginaire, sa lecture est faussée par le fait d'en attendre des passions analogues à celles offertes par Charlotte et Emily. 

Toutefois, au lieu de me lancer dans un long plaidoyer en sa faveur, je voudrais faire découvrir sa vie et son oeuvre à travers les lieux qui ont compté pour elle en vous proposant une suite de promenades littéraires que nous ferons d'un pas tranquille et contemplatif selon les habitudes d'Anne Brontë elle-même s'il faut en juger d'après son double Agnès Grey. 

Je reconnais que mes photos ne sont pas de qualité égale, que l'on soit indulgent comme pour le reste, je n'entends pas faire un récit exhaustif de la vie d'Anne Brontë ni son portrait précis, mais seulement la rendre plus familière. 

Bien ! Est-ce que tout le monde a pensé à se munir d'une ombrelle, le temps est en effet des plus changeants à Haworth ? Sinon, vous en trouverez dans les boutiques de souvenirs sur la grande-rue que nous allons grimper maintenant !

PREMIÈRE PROMENADE
HAWORTH

Cadette d'une fratrie comptant déjà cinq sœurs et un frère, Anne Brontë naquit en 1820 dans le village de Thornton, à quelques kilomètres de Bradford dans le Yorkshire au nord de l'Angleterre – alors en plein développement industriel. 

D'origine irlandaise modeste, son père, Patrick Brontë, était pasteur au sein de l’église anglicane, carrière qu'il embrassa après avoir été boursier à Cambridge. Sa mère, Maria Branwell, était issue pour sa part d'une famille aisée de Cornouailles. 

C'est quelques semaines après la naissance d'Anne Brontë que sa famille quitta Thornton pour le village voisin de Haworth situé en lisière de landes qui devaient compter beaucoup dans la vie des enfants Brontë. 

Un an plus tard, en 1821, alors qu'Anne n'était que bébé, sa mère succomba, après de grandes souffrances, à un cancer. Ce triste événement décida de l'emménagement à Haworth de la sœur de cette dernière, Elizabeth Branwell. 

Ce ne fut pas la seule disparition qui marqua les premières années des enfants Brontë. En 1825, les deux sœurs aînées Maria et Elizabeth, âgées l'une de 11, l'autre de 10 ans, furent emportés à leur tour par des infections causées par les conditions sanitaires exécrables de la pension pour filles de pasteurs pauvres où elles avaient été placées avec leurs plus petites sœurs Charlotte et Emily.  

Charlotte fera revivre plus tard le souvenir traumatique de Cowan Bridge dans Jane Eyre où elle dépeindra sa sœur Maria sous les traits d’Helen Burns, l'amie bonne, intelligente et pieuse de son héroïne enfant.  

 
Jusqu'en 1836 et ses 15 ans et demi, la vie d'Anne Brontë se déroula exclusivement au sein du presbytère familial aux côtés de ses sœurs et de son frère Branwell. Durant cette période, seule Charlotte, en 1831, alors qu'elle avait 14 ans, quittera Haworth pour entrer de nouveau en pension. 

Privés de mère, les enfants Brontë eurent pour père un homme indubitablement bon, mais assez distant, sinon avec son fils Branwell, enfant surdoué sur lequel toute la famille fondait de grandes espérances. De même, l'affection d'Elizabeth Branwell pour ses nièces et son neveu semble avoir été peu effusive. L'on sait toutefois que celle-ci éprouvait une prédilection pour la petite Anne à la santé déjà fragile et qui souffrait de plus d'un défaut d'élocution. Elizabeth Branwell en fit même sa compagne de lit la nuit. Comme elle appartenait à la confession méthodiste, certains biographes et commentateurs en ont donné une image de vieille fille fanatique. Toutefois, le peu que l'on sache d'elle ne laisse en rien suggérer une telle conduite même si on ne peut exclure la possibilité que ses croyances aient laissé, d'une façon ou d'une autre, leur marque dans l'esprit des sœurs Brontë – Anne et Charlotte connaîtront en effet de grandes périodes de crise religieuse au fil des années. 

Parmi les adultes entourant les petits Brontë, il ne se trouvera que la truculente servante Tabitha Aykroyd pour témoigner d'une attitude chaleureuse à leur endroit. Ceci étant, après de premières épreuves douloureuses, on peut dire que leurs années d'enfance et d'adolescence furent somme toute paisibles, voire heureuses.  

Sans guère fréquenter, à la différence de leur frère, les autres habitants du bourg, les sœurs Brontë voyaient leurs occupations se partager entre études, promenades dans la lande et jeux d'écriture menés avec passion. 

Sous l'égide de Branwell, les sœurs Brontë commencèrent en effet tôt à développer leur talent littéraire à travers l'univers de Glass Town, colonie imaginaire d'Afrique où était donné libre-cours à l'imagination la plus fantasque. Plus tard, au début de leur adolescence, Emily et Anne délaisseront Glass Town pour créer leur propre univers de Gondal qu'elles se plairont à situer dans le Pacifique Nord.  

Nous reviendrons à l'occasion de notre deuxième promenade dans la lande (oui, madame, il faudra grimper encore un peu) sur cette œuvre poursuivie jusqu'à un âge avancé par Emily et Anne et dont il ne subsiste que quelques poèmes à la différence des milliers de pages laissés par Branwell et Charlotte autour de Glass Town.

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