SUR PENSION ALLEMANDE
The Inn at Lambton, 1er mai 2014
Je ne suis pas d'accord avec D… qui trouve « léger » le ton de Pension allemande. De façon générale, je crois que les qualificatifs qui conviendraient le mieux pour définir cette œuvre sont « acerbe » et « amer ». De plus, Katherine Mansfield ne se contente pas de faire le portrait de ses compagnons de cure de façon satirique (et morose). Tout le long de son recueil, elle interroge aussi la condition des femmes, et parfois de la façon la plus dramatique comme dans Frau Brechenmacher assiste à un mariage ou L'enfant qui était fatigué.
À ce sujet, les deux dernières nouvelles de Pension allemande mettent en scène des femmes qui, au lieu de se résigner à la domination des hommes, veulent s'affirmer sur eux, leur esprit de rancune se retournant toutefois contre elles finalement.
Ces deux nouvelles conclut ainsi dans un certain sentiment d'impuissance le propos des précédentes sur l’assujettissement des femmes. Toutefois, sur le plan strictement formel, j'ai regretté pour ma part le fait qu'elles ne se passent pas au sein de la pension, on peut ressentir quelque chose de trop abrupt.
Quelque part, j'ai lu que Katherine Mansfield en était venu à désavouer Pension allemande, qui constituait sa première publication, parce qu'elle se reprochait d'avoir jeté un œil condescendant sur les Allemands. Pour ce que je connais d'eux et si je pense à des auteurs du tournant du XXe siècle comme Theodor Fontane ou Heinrich Mann, elle aurait visé quand même plutôt juste.
Aussi, même si j'ai quelques réserves sur ses contours finaux, Pension allemande constitue pour moi un ensemble de bonne tenue. Se présentant à la manière d'un album d'instantanés, ou de « vignettes » pour reprendre le mot employé par Katherine Mansfield, il poursuit un propos nerveux sur les femmes ne manquant pas, hélas, d'actualité – de même peut-être quant à une certaine bourgeoisie allemande...
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