The Inn at Lambton, 8 juin 2014
Avec Mansfield Park, j’ai bouclé ma découverte de l’œuvre de Jane Austen.
En ce qui me concerne, le sentiment qui m'a dominé d'abord a été d'entrer, aux côtés de Fanny Price, recueillie à titre de parente pauvre par son oncle et sa tante nobles, dans un labyrinthe. En effet, au sein de la famille Bertram où prévaut des relations hiérarchisées (père → mère → garçons → aînés → Sultan le chat → cadets → filles, etc.) et formelles, Fanny Price doit apprendre à se faire la plus discrète possible et se soumettre aux autres sans jamais rechigner, de sorte qu'elle vit en permanence sur le qui-vive pour ne pas se voir reprocher d'oublier sa place.
Pour décrire l'anxiété quotidienne de Fanny Price, un vocabulaire d'animal de chasse est même employé. Il importe de souligner que la source de cette anxiété est à la fois familiale et sociale, Mansfield Park offrant de façon générale un portrait assez critique de la noblesse anglaise et de l'autocratisme qu'elle fait régner en son sein même. Ainsi Thomas Bertram, le père, apparaît-il comme une figure tutélaire distante, presque cachée, et qui, pour cela, est d'autant plus redoutée par ses enfants.
Ce type de père souverain et impénétrable hantera plus tard les romans d'Ivy Compton-Burnett dépeignant la gentry au tournant du XXe siècle. À ce propos, j'en suis venu à me plaire à voir en Ivy Compton-Burnett une sorte d'anti Jane Austen ou plutôt une Jane Austen maléfique avec sa manière de décortiquer (pour les « purger » selon le mot de je ne sais plus qui, peut-être Iris Murdoch) les relations humaines qui gouvernaient les familles anglaises aisées, non par de longues analyses descriptives comme Jane Austen, mais par des dialogues équivoques et frustrants dans un style, tout propre à elle, qu'on pourrait qualifier de néo-gothique verbal.
Heureusement pour Fanny Price, c'est, dira-t-on, une Ivy Compton-Burnett féerique qui se penche sur son sort puisque Jane Austen lui imagine un ami, Edmond Bertram, d'une bonté touchante à son égard lorsqu'elle est enfant. Plus grande, Fanny tombera amoureuse de cet homme aux vertus nombreuses même si elles ne le garderont pas de se laisser mystifier par la fougueuse Mary Crawford.
Ce type de père souverain et impénétrable hantera plus tard les romans d'Ivy Compton-Burnett dépeignant la gentry au tournant du XXe siècle. À ce propos, j'en suis venu à me plaire à voir en Ivy Compton-Burnett une sorte d'anti Jane Austen ou plutôt une Jane Austen maléfique avec sa manière de décortiquer (pour les « purger » selon le mot de je ne sais plus qui, peut-être Iris Murdoch) les relations humaines qui gouvernaient les familles anglaises aisées, non par de longues analyses descriptives comme Jane Austen, mais par des dialogues équivoques et frustrants dans un style, tout propre à elle, qu'on pourrait qualifier de néo-gothique verbal.
Heureusement pour Fanny Price, c'est, dira-t-on, une Ivy Compton-Burnett féerique qui se penche sur son sort puisque Jane Austen lui imagine un ami, Edmond Bertram, d'une bonté touchante à son égard lorsqu'elle est enfant. Plus grande, Fanny tombera amoureuse de cet homme aux vertus nombreuses même si elles ne le garderont pas de se laisser mystifier par la fougueuse Mary Crawford.
Si la relation entre Edmond Bertram et Mary Crawford se révèle tout sauf idyllique, elle est marquée par d'incessants agacements et tiraillements, on se dit toutefois qu'il faudrait en définitive peu pour que les deux créatures se décident à un mauvais mariage et que Fanny Price demeure ainsi captive d'une condition dépendante.
De façon générale, Mansfield Park n'est pas un roman où l'on voit la vertu triompher de l'injustice et des illusions. Ce sont des incidents qui changent la donne en dernier lieu. À cet égard, le père, Thomas Bertram, qui se croit le gardien sage et infaillible de sa famille, ne ressort certes pas finaud des événement
Finalement, après avoir parcouru tous les romans de Jane Austen, j’en suis pour ma part à faire de Mansfield Park mon préféré. Il partage la beauté de Persuasion et l'humour de Northanger Abbey. Comme le premier, il offre aussi pour intérêt de ne pas voir Jane Austen se cantonner à la seule peinture de cercles familiaux. D'une grande (et somme toute triste) vérité sur les relations humaines et sociales, Mansfield Park comporte des épisodes remarquables (la pièce de théâtre, l’excursion chez les Rushworth, le séjour de Fanny à Portsmouth, etc.) qui en font assurément un roman ambitieux maîtrisé.
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