The Inn at Lambton, 6 avril 2022
Anna Kavan a connu tout au long de sa vie la souffrance psychique – que son addiction à l’héroïne, découverte vers ses 25 ans, a certainement compliqué. Cette souffrance finira même par la conduire à l’internement à plusieurs reprises.
Publié en 1940, Asylum Piece témoigne de cette expérience de manière originale puisque l’ouvrage ne constitue à proprement parler ni un récit ni un recueil de nouvelles. À l’image de Let Me Alone, il se déploie dans un « entre-deux » composite. D’abord, nous sommes plongés dans l’étrange (on pourra penser à Kafka), et nous suivrons (après deux histoires sans lien, du moins narratif, entre elles) une femme en butte aux autorités pour une affaire dont on ne saura rien jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée. Ensuite, le ton se fera réaliste pour mettre en scène divers pensionnaires d’une maison de repos en Suisse, avant qu’il ne retombe dans l’étrange parce que rien n’y fait : Anna Kavan, refrain, « retombe, et retombe, encore et encore ».
Personnellement, face à ces combinaisons, je retire un sentiment mitigé. Le ton allégorique de la première partie, sur la menace de l’internement, et de la conclusion, ne m’a pas convaincu, je ne sais, alors que j’ai trouvé tout à fait réussie la seconde partie, non allégorique, sur la maison de repos en Suisse. De la sorte, on peut être tenté de regretter que tout ce qu’Anna Kavan voulait exprimer ne l’ait pas été comme là (ou bien, à l’inverse, comme A Scarcity of Love et Ice que j’invite à nouveau chaudement à lire).
Anna Kavan : Asylum Piece, 1940.
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