Voici une présentation succincte des recueils de nouvelles Félicité et La Garden-Party. Je les ai beaucoup appréciés même si, comme au sujet de l’auteur lui-même, je ne prétendrai pas en avoir tout bien saisi.
Et peut-être est-ce naturel comme un des grands thèmes, sinon le principal, de Katherine Mansfield est l’incertitude, l'incertitude à l’égard de ses émotions, des gens, des choses.
Ainsi, dans Félicité, après avoir arrangé la décoration de sa maison, Bertha Young est envahie par un sentiment de plénitude qui sera détrompé à peine quelques heures plus tard de façon ironique et cruelle.
Plusieurs nouvelles, telle Monsieur et Madame Colombe, mettent en scène un jeu d'élan et de fuite vis-à-vis monde et des autres qui semble ne pouvoir jamais se résoudre par un accord, une harmonie.
Parfois, les illusions ou la tromperie sont plus franchement marquées, surtout me semble-t-il quand il s'agit de femmes pauvres et esseulées s'offrant en proies faciles (La Petite Institutrice, Miss Brill...)
Sans nul doute, si les écueils dissimulés constituent un des grands thèmes de Katherine Mansfield, c'est que leur expérience ne lui ne fut pas épargnée. La mort prématurée de son frère, la tuberculose et la solitude l'engloutirent même dans un sentiment de naufrage existentiel. Elle chercha alors du réconfort dans le passé et la « recollection » (entendez-le en anglais) de ses plus chers souvenirs d'enfance et d'adolescence.
Les nouvelles s'inscrivant dans cette veine, dont les plus remarquables sont Prélude et Sur la baie, égrènent les recueils de Katherine Mansfield à la façon d'un feuilleton décousu. Elles recèlent assurément un charme profond qui vous donne l'impression d'être là, en Nouvelle-Zélande, il y a longtemps. La description de la montée d'un troupeau de moutons qui ouvre Prélude vous entraîne tranquillement à leur suite dans la découverte de l'univers lointain de Kezia et de sa famille sous une lumière à la fois éclatante et douce.
Toutefois, dans ces peintures impressionnistes au caractère apaisant, les ombres trouvent encore où apparaître sous la forme de l'insatisfaction ou de la frustration qui rongent certains personnages comme la touchante Beryl, la tante pauvre aux désirs silencieux d’amour et de départ.
Beryl n’est pas la seule à rêver de train et de bateau dans le monde fuyant de Katherine Mansfield, ainsi de Mathilde dans Le Vent souffle ou de l’héroïne amère d’Un pickle à l’aneth. Katherine Mansfield peut donner à cela un tour caustique et sordide pour Miss Moss dans Tableaux ou purement poignant dans Vie de maman Parker où celle-ci se met vainement en quête d’un lieu où au moins pleurer en paix.
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